Depuis le début de l'année, Laurent Blanc s'en tenait aux points presse des Girondins. Mais hier, l'entraîneur de Bordeaux s'est longuement confié à L'Equipe. L'entretien, publié ce jeudi, révèle de profondes inquiétudes, même si le Cévenol aura le bonheur de diriger comme entraîneur sa première finale, samedi, lors du rendez-vous de Coupe de la Ligue face à Vannes, au Stade de France.
Repensera-t-il alors à cette finale mondiale de 1998 qu'il vécut sur le banc ? «Non. Je ne suis pas nostalgique», rétorque le Bordelais. Celui qui concède préférer le coaching au terrain d'entraînement estime surtout que le travail sur le psychisme prend une importance de plus en plus grande dans le métier d'entraîneur : «Le préparateur mental a un avenir certain. Il est déjà présent dans le sport individuel. Il viendra dans celui collectif, mais à titre individuel, car chaque joueur est différent».
Au-delà, Laurent Blanc porte un regard sans concession sur l'état du football français : «Tous ceux qui disent que le football français souffre d'un manque d'argent, de structures, de mécènes, de la fiscalité... ont raison. Mais le seul qui a dit que son plus gros problème, c'est sa culture, c'est Raynald Denoueix. En Espagne ou en Italie, le football est un vecteur essentiel dans la vie des gens (...) En France, à part deux ou trois points géographiques, c'est un loisir, un spectacle. Le problème, c'est qu'on n'arrivera jamais à combler notre retard».
Bordeaux bientôt trop petit pour Gourcuff
S'engager résolument vers l'organisation de l'Euro 2016 serait une chance de redressement pour un sport qui ne peut déjà plus garder ses meilleurs jeunes dans l'hexagone mais «personne, à commencer par les politiques locaux, ne veut de stades privés. Ils feront quoi, de Chaban-Delmas ? Un musée ?» A cette aune, voir un club français gagner la Ligue des Champions «est devenu utopique» et si Bordeaux se qualifie pour la C1 l'an prochain, «notre finale à nous consistera à passer le premier tour. Voilà la réalité», ponctue l'entraîneur des Girondins. Dans la perspective de la compétition européenne majeure, Bordeaux serait heureux de garder Gourcuff mais «pas seulement» car «dans peu de temps, assure le coach, Bordeaux sera trop petit pour lui. L'idée est donc plutôt de construire autour de l'épine dorsale de l'équipe». Et si Yoann Gourcuff pourrait rester un an de plus, le maintien de Chamakh dans l'effectif est aussi un objectif fort du coach : «J'espère aussi qu'il va rester (...) Je veux continuer avec la même colonne vertébrale, bonne sur le terrain et humainement super dans la vie».
Commentaires